PSA : les raisons de la nomination surprise de Carlos Tavares
La nomination de Carlos Tavares au directoire de PSA a été officialisée ce lundi. Il prendra ses fonctions le 1er janvier, avant de succéder à Philippe Varin à la tête du groupe.
C’est un séisme qui vient de secouer l’Etat major de PSA. Le constructeur a officialisé ce lundi la nomination de Carlos Tavares, ex-numéro deux de Renault, au sein du directoire. Celui-ci prendra ses fonctions le 1er janvier, avant de prendre la succession de Philippe Varin à la tête du groupe « dans le courant de l’année 2014 », précise un communiqué publié après bourse. La décision avait déjà été annoncée au comité de direction générale dimanche soir et aux syndicats dans l’après-midi de lundi.
Carlos Tavares réalise ainsi son rêve de devenir numéro un d’un groupe automobile , une ambition publiquement affichée l’été dernier lors d’un interview à la presse.
Cette nomination est doublement une surprise. D’une part, le mandat de Philippe Varin avait été renouvelé il y a six mois à peine. D’autre part, son successeur vient des rangs même du concurrent direct de Peugeot.
Il s’agit d’un transfert inédit à ce niveau entre PSA et Renault.
Ce coup de théâtre est révélateur d’une crise de confiance entre la famille actionnaire (qui détient 25 % du capital) et le directoire. Le communiqué, qui ne comporte aucun remerciement pour Philippe Varin, en dit long sur les tensions des dernières semaines entre le président du Directoire et certains membres de la famille.
Le fait accompli
Selon nos informations, les Peugeot ont lancé le processus de recrutement sans même en informer l’ensemble des membres du conseil de surveillance. Certains ont d’ailleurs eu le sentiment d’être mis devant le fait accompli. C’est le cas de l’Etat qui n’a été mis dans la boucle que ce week-end, alors qu’il est devenu un acteur incontournable dans le dossier depuis qu’il a accordé une garantie à la filiale bancaire de PSA. Agacé d’avoir été court-circuité, le gouvernement a tout de même acté cette nomination.
La décision de la famille Peugeot de faire venir un dirigeant de l’extérieur sonne comme un désaveu pour l’actuel directoire. Certes, le management a pris de lourdes décisions pour restructurer en Europe (fermeture d’Aulnay, accord de compétitivité), pour monter en gamme avec DS et redynamiser les ventes en Chine.
Mais cela n’a pas suffi à peser face aux reproches adressés depuis longtemps à Philippe Varin : ce dirigeant venu de l’acier ne connaissait pas bien l’automobile à son arrivée chez Peugeot, il a eu du mal à s’imposer dans une gouvernance aussi complexe et, dernièrement, l’alliance avec GM, qu’il a négociée, n’a pas apporté les résultats attendus.
Les négociations entamées depuis plusieurs mois avec le chinois Dongfeng ont cristallisé de nouveau les tensions. Alors que Philippe Varin voyait dans cette piste le recours ultime de PSA, certains membres de la famille s’étaient montrés réticents. Le fait que Carlos Tavares se soit rendu disponible, cet été, a accéléré les choses.
Est-ce pour freiner la négociation avec Dongfeng que la famille Peugeot a changé de pilote ? Il n’y avait, lundi, pas de signe d’un arrêt des négociations. Parmi les intervenants sur ce dossier, on assure que le calendrier des discussions avec Dongfeng est bien maintenu et que la nomination de Tavares n’aura pas d’impact. Le conseil de surveillance a donné mandat, la semaine dernière, à Philippe Varin de poursuivre et de boucler ces négociations.
La question est de savoir si Dongfeng sera prêt à investir dans une entreprise en train de changer de patron et si le nouveau capitaine saura porter un partenariat qu’il n’a pas négocié lui-même.
http://www.lesechos.fr/entreprises-sect ... 631906.php