Les objectifs de limitation des émissions polluantes édictés en Chine profitent aux équipementiers français :
Les objectifs de limitation des émissions polluantes édictés en Chine par les autorités constituent une
aubaine pour les équipementiers automobiles français, forts de leur avance technologique sur leurs
concurrents locaux. Massivement implantés dans le pays via des usines et des centres de recherche, ces
fournisseurs de pièces spécialisées, contrairement aux constructeurs d’automobiles, n’ont pas
l’obligation de créer une coentreprise avec des sociétés chinoises. Ils gardent ainsi l’intégralité de leurs
bénéfices et la propriété de leurs brevets, fruits de lourds investissements.
Avec la mise en place de normes de plus en plus sévères aux Etats-Unis et en Europe, nombre de ces
brevets concernent des techniques de dépollution ou de réduction de la consommation : dispositifs de
mise en veille « Stop & Start », catalyseurs (filtrage des gaz d’échappement), matériaux plus légers et
technologies hybrides essence-électricité. La Chine, confrontée à une pollution atmosphérique
endémique, a elle aussi édicté des règles strictes avec comme cible des émissions de 117 grammes de
CO2 par kilomètre à l’horizon 2020, via un palier intermédiaire en 2017. En Europe, le but est de
parvenir à 95 g/km dans cinq ans.
« Toutes nos technologies ont été développées dans le domaine du contrôle des émissions, aux
Etats-Unis pour la partie essence, et en Europe pour la partie diesel, et on en bénéficie aujourd’hui pour
la Chine », explique Stéphane Martinot, directeur du marketing de Faurecia. « Clairement, la technologie
dont disposent les équipementiers étrangers et notamment européens représente un énorme avantage
pour s’imposer en Chine », un marché réputé très rentable, renchérit François Jaumain, expert du
marché automobile mondial au cabinet PwC.
Faurecia revendique les premières places - mondiale et chinoise - des systèmes de dépollution. La filiale
de PSA Peugeot Citroën a présenté cette semaine au Salon de Shanghaï un filtre à particules pour les
moteurs à essence et un dispositif sophistiqué destiné aux camions et autobus diesel, de loin les
véhicules les plus polluants en Chine. « La réglementation des émissions [...] nous aide parce qu’on a les
bonnes technologies au bon moment et au bon niveau de prix », souligne M. Martinot. Le président du
groupe Yann Delabrière se félicite que « la qualité de l’air soit désormais au centre des préoccupations
des dirigeants chinois ». « L’an dernier, nous avons réalisé 2,23 milliards d’euros de chiffre d’affaires en
Chine. Et nous avons un objectif fixé à 4 milliards pour 2018 », souligne-t-il.
Les équipementiers fournissent aussi bien les coentreprises des constructeurs étrangers que les dizaines
de marques purement chinoises, relève de son côté Edouard de Pirey, président de Valeo pour la Chine.
« On va vers la baisse des émissions de CO2 et la baisse des consommations en Chine, ils vont tous
massivement vers l’hybride et l’électrique, et on propose nos technologies, plutôt des technologies
prêtes sur étagères », c’est-à-dire déjà éprouvées, explique-t-il. Chez Valeo, le chiffre d’affaires réalisé
en Chine était de l’ordre de 1,5 milliard d’euros l’an dernier, et les prises de commandes se montaient à
4,3 milliards. « 45 % de la croissance de Valeo sur les cinq prochaines années proviendront de Chine,
souligne M. De Pirey.
La concurrence des équipementiers locaux existe, mais les Chinois « n’ont pas ces technologies, ils sont
encore très distancés », déclare M. Jaumain. « On a clairement plusieurs années d’avance [...] et c’est
là-dessus que l’on fait la différence », confirme M. De Pirey.
Plastic Omnium (réservoirs de carburant et pièces de carrosserie) est tout aussi ambitieux que ses
homologues. Il prévoit notamment un doublement de son chiffre d’affaires en Chine d’ici à 2018, à 1
milliard d’euros, en portant le nombre de ses usines « de 21 l’an dernier à 28 », indique le président du
groupe Laurent Burelle.
« Tout l’enjeu est de trouver de nouvelles idées et d’investir massivement dans la recherche et
développement », indique M. De Pirey, tandis que M. Martinot estime que la concurrence est « très
agressive et qu’il « faut continuer à travailler en R&D pour garder cette avance ». Illustrant les
préoccupations des Chinois pour leur santé, aussi bien Valeo que Faurecia ont présenté à Shanghaï de
nouveaux systèmes de filtres afin de débarrasser les voitures de la pollution qui s’infiltre à l’intérieur des
habitacles.
CCFA 22/04/2015