Le diesel s'effondre au moment où... il devient plus propre
Les diesels représentent à peine 47% des immatriculations de voitures en France, contre 58% il y a un an et 73% en 2012. Une chute vertigineuse.
Vilipendé, accusé de tous les maux, le diesel s'effondre en France. Les voitures à gazole représentaient à peine 47% des immatriculations totales de véhicules neufs en mars. Contre 58% un an plus tôt et 73% en 2012. A leur apogée en 2008, les immatriculations de diesels représentaient 77,3% du marché! Depuis le début de l'année, les diesels sont obstinément sous la barre fatidique des 50%. Depuis la révélation, en septembre 2015, du scandale Volkswagen des onze millions de logiciels truquant les contrôles d'anti-pollution sur les diesels, les attaques contre le diesel se déchaînent. Le parquet a ainsi ordonné le 12 janvier 2017 l'ouverture d'une information judiciaire concernant les diesels Renault, pour "tromperie sur les qualités substantielles et les contrôles effectués". La justice suspecte le constructeur d'avoir trompé ses clients sur le véritable niveau de pollution de ses moteurs diesel, , citant un document de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) qui avait conduit une enquête.
Dans ce contexte, politiques, ONG, médias montent au créneau. , le maire de Paris, veut interdire les véhicules diesel à Paris dès… 2020. Sans aller jusque-là, le gouvernement rogne progressivement les avantages fiscaux comparatifs accordés aux véhicules à gazole jusqu'ici. Du coup, le diesel perd pour les flottes une partie de ses attraits. Mais il reste paradoxalement favorisé par le système de bonus-malus écologique, calculé intégralement sur les rejets de CO2. Les diesels demeurent moins "malussés" globalement que les véhicules à essence. Illogique!
Le diesel a un meilleur rendement
Car le diesel a un meilleur rendement que le moteur à essence, consomme moins et émet moins de CO, qui n'est pas un polluant mais à un gaz à effet de serre. C'est là tout le problème. Les moteurs à gazole ont un impact… positif sur la lutte contre le réchauffement climatique! "Un diesel consomme 20 à 25% de moins qu'un moteur à essence", souligne Noureddine Guerrassi, ingénieur en chef chez l'équipementier Delphi. Consommations et émissions de gaz à effets de serre étant corrélées, le diesel est "indispensable pour répondre aux futures normes européennes sur le CO2", plaide Klaus Fröhlich, directeur de la recherche-développement de BMW. La Commission européenne a fixé un plafond contraignant de 95 grammes de CO2 au kilomètre par véhicule en 2021 (118,3 en moyenne au premier semestre 2016). Dès lors, pourquoi est-il en ligne de mire?
Le problème fondamental du diesel, c'est qu'il émet des oxydes d'azote (NOx), notamment les dangereux dioxydes d'azote (NO2) qui s'attaquent aux voies respiratoires. Il rejette aussi des particules, également toxiques pour les poumons et reconnues cancérogènes par l'OMS (Organisation mondiale de la santé) depuis 2012. Mais le diesel se soigne depuis vingt-quatre ans (norme Euro 1). Effectivement, "les rejets de NOx autorisés sont passés de 1 gramme au kilomètre en 1992 à 0,08 aujourd'hui", assure Christian Chapelle, le motoriste en chef au sein de la Recherche-développement de PSA. Quant aux particules, elles ont "régressé de 0,14 grammes au kilomètre à 0,005", grâce au filtre à particules (FAP), obligatoire depuis 2011.
Ecart entre normes théoriques et fonctionnement réel
Seulement, voilà: il s'agit de seuils définis par des normes théoriques. Or, les cycles d'homologation des véhicules sont largement artificiels et ne rendent pas compte des conditions réelles d'utilisation. "Les constructeurs ont par conséquent privilégié la dépollution dans les marges étroites du cycle", souligne un expert indépendant. Alors, quadrature du cercle? Non. Car un nouveau pas sera réalisé en septembre 2017, avec les normes Euro 6-2, qui uniformiseront les seuils de polluants sur les véhicules diesel et essence. Mais, surtout, sera adopté un cycle d'homologation autrement plus réaliste.
Ces contraintes supplémentaires obligeront en conséquence tous les constructeurs à adopter le système "SCR", qui réduit par réaction chimique les oxydes d'azote directement dans l'échappement. Un procédé qui dépollue mieux, sur une plage plus large. Faisant figure de pionnier, PSA l'a déjà généralisé sur sa gamme. A coup d'investissements, le diesel moderne est donc en train de gagner la bataille technologique, au moment où les politiques se répondant en acrimonies à son égard. Mais il sera de plus en plus onéreux. Et il a perdu la… guerre idéologique.
© LQA - N. Meunier