Sur la photo ci-dessus, on voit la pub pour La Vieille Cure
La Vieille Cure était une respectable maison cenonnaise de spiritueux fondée en 1869 par le distillateur Marcel Bussières — l’entreprise ne prit le nom de Vieille Cure qu’en 1909 sous la direction de Marcel Bussières fils — qui fabriquait une liqueur jaune et l’autre verte, dans le goût de celles dénommées Chartreuse ou Bénédictine.
Les publicités de la marque jouaient d’ailleurs la même carte monastique, celle d’une vénérable liqueur soi-disant élaborée selon la recette mise au point par le prieur de l’abbaye des moines de la Merci fondée en 1218 en terre cenonaise (cependant cette vieille cure-là n'était pas forcément là où fut installée la distillerie).
La jaune, la verte, cela fait penser à d’autres liqueurs, celles des voisins basques, Izarra, produites tout d’abord à Hendaye, puis Bayonne. Cependant la liqueur euscarienne n’ayant été commercialisée qu’à partir de 1906, ce n’est pas Marcel Bussière qui a copié sur son voisin. A ce propos, ceux ayant eu l’occasion de visiter l’ancienne distillerie bayonnaise, avant que cette production ne soit hélas délocalisée extra territorium, se souviendront certainement des senteurs extraordinaires qui s’exhalaient alors au bord de l’Adour.
La marque La Vieille Cure se développa considérablement dans la première moitié du XXème siècle, elle ouvrit des points de ventes dans plusieurs pays européen — ses liqueurs furent même servies à bord des avions de la compagnie Air-France.
L’entreprise employa jusqu’à 130 employés. Puis vint la mode de l’apéritif qu’on n’appelait pas encore apéro.
C’est ainsi qu’après le rachat par le néerlandais Bols, la marque périclita puis finit par disparaitre.
Ceux qui empruntent, à Cenon, la côte de La Vieille Cure et se dirigent ensuite vers le Centre des Impôts passent sous un pont qui relie encore les anciens vergers de la distillerie.
Les derniers hectares sont appelés à être prochainement lotis.
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Il faut bien comprendre la révolution culturelle que constitua la popularisation de l’apéritif.
Autrefois, je veux dire par là avant les années cinquante, cette pratique apéritive n’existait quasiment pas dans la région et se limitait le plus souvent au "coup de blanc" avant le repas.
En revanche, il n’était pas de repas d’une certaine importance qui ne se terminait par les liqueurs, les vieux armagnacs, la poire et autres fines. On sortait alors les tout petits verres des élégants « cabarets à liqueurs » en marqueterie, on se carrait sur sa chaise, où plus confortablement dans un fauteuil Voltaire — la tête y est calée — et on goutait bien des choses.
L’apéritif, qu’il soit anisé (on se souvient du Courbajo local apparu en 1950), ou à base de distillation de céréales (les whiskeys), a mis fin à la longue tradition des digestifs en même temps qu’à un certain art de vivre à la française.
C’est autre chose, on peut se lever de son siège, discuter à droite à gauche, il se crée ainsi une certaine convivialité à l’anglo-saxonne, une ambiance moins propice à la méditation et à l’énoncé de pensées profondes qu’apportait la consommation des liqueurs.
C’est le progrès.
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